L'antique Roca Fortis, « la roche fortifiée », entre dans l'histoire quand Charlemagne donne l’ordre de construire un oratoire sur la colline des Eynavay pour célébrer les victoires régionales contre les Sarazins. Des siècles plus tard, l'administration de ce sanctuaire reviendra aux moines bénédictins de Saint-André de Villeneuve lez Avignon. Aujourd'hui, Notre-Dame de Grâce présente un fort attrait spirituel et patrimonial. On y découvre un remarquable chemin de Croix monumental, une superbe église et la salle des précieux ex-voto. Plus exceptionnel encore, on peut y visiter une salle des échos, véritable curiosité acoustique.
De Roca Fortis à Rochefort du Gard
Jusqu’à la révolution, le village appartiendra successivement aux Comtes de Toulouse et à trois Rois de France : Saint Louis, Philippe III le Hardy et Philippe le Bel. En 1790 Rochefort devient une municipalité qui prendra le suffixe “du Gard“ en 1890 afin d’éviter toute confusion avec les autres localités portant le même nom.
Jusqu’en 1950, c’est une commune rurale vivant presque en autarcie. A cette date on dénombre 700 habitants (7000 aujourd’hui). Le gel des Oliviers en 1956, puis la montée en puissance de la vigne dans le paysage fera oublier la polyculture où l’abricotier occupait une large place. A partir des années 60 la « Tomate de Rochefort » (tomate d’hiver) fera la réputation du village.
Essentiellement viticole, Rochefort est situé sur la rive droite des Côtes du Rhône. Une partie de son terroir, composé de galets roulés, est classé en village avec nom d’aire appellation “Signargues“: la plus haute reconnaissance avant la dénomination Cru.
Rochefort-du-Gard est un Village attachant avec ses rues pittoresques. Le centre ancien est dominé par le Castelas, église romane du XIIe siècle remaniée au XVIIe siècle. Ce monument emblématique, entièrement restauré, offre une nef voutée en berceau et un chœur en cul de four. D'importants fragments de fresques laissent entrevoir la richesse du décor originel.
En quittant les hauteurs qui offrent une vue imprenable sur la plaine et ses vignobles aux vins savoureux, le promeneur pourra s'attarder à la fontaine de l'Ange. A quelques pas de là se dresse l'ancienne chapelle Saint-Joseph bâtie au XVIIIe siècle par Pierre Palejay, notable de la ville. Plus loin, l'église paroissiale Saint-Bardulphe, érigée au XIXe siècle, surprend par sa richesse ornementale.
En plus de ces monuments incontournables de l'histoire du village, tout un petit patrimoine témoigne de la vie quotidienne d'antan : le lavoir du XIXe siècle, le puits de Pousqueyras, les fontaines. Riche en histoire, Rochefort-du-Gard séduira aussi le visiteur par la qualité de son cadre de vie préservé et par sa vitalité.
Prieuré Bénédictin dont l’origine remonte au VIIIème siècle, restauré au XVIIème siècle, le Sanctuaire de Notre Dame de Grâce est un haut lieu spirituel dédiée à la Vierge. Il se compose d’une église, d’une salle des ex voto, du monastère, de la salle des échos et d’un chemin de croix monumental.
Au cours des siècles, le sanctuaire fut victime de nombreux pillages comme celui des Hongrois en 923. Il fut le témoin des ravages de la peste noire (1348), des exactions des grandes compagnies (1375-1379), des guerres de religion (1550-1560). Mais au XVIIème siècle la grande réforme catholique apporte la prospérité. L’histoire du sanctuaire est ponctuée de pèlerinages. Le plus célèbre étant celui du « Suffrage » qui drainera, chaque 15 août, des milliers de fidèles. Aujourd’hui le sanctuaire dépend du diocèse de Nîmes, la direction est laïque, l’accueil des pèlerins, de groupes de chrétiens et l’organisation de retraites sont au cœur de son activité.
Récit du Chanoine J-B Petitalot (1910)
En 1295, Quand Philippe le Bel, roi de France, voulut agrandir le port d’Aigues-Mortes, il dut composer avec Géraud d’Ami, Seigneur de Castelnau de la maison de Sabran et Raymond Gaucelin, Seigneur d’Uzez, tous deux héritiers de Rousselin Seigneur de Lunel. En échange des terres nécessaires à son projet, Philippe le Bel donna à Géraud d’Ami, entre autres possessions ce qui deviendra la baronnie de Rochefort.
Ici débute la légende du pieux Gérard de Lunel.
A la mort de son oncle, Gérard de Lunel, jeune homme très pieux devint Baron de Rochefort et vint s’y installer avec son frère Effrénaud. Fidèle parmi les fidèles, fervent admirateur de la plus pure des vierges, il vouait un culte indéfectible à la divine mère. Heureux de posséder sur ces terres un sanctuaire réputé pour ses miracles, combien de fois gravit-il le mont sacré pour s’agenouiller parmi la foule aux pieds de Notre Dame. Répandant son bien en aumônes, il songeait à quitter ce monde pour vivre dans la plus rigide austérité et à faire le voyage en Terre Sainte.
Son frère approuva ses desseins et s’engagea à le suivre. C’est ainsi qu’ils vécurent dans l’amour de dieu au fond d’une cavité qui se trouvait au pied du Pont du Gard. Mais la rivière gonflée par les pluies abondantes vient lécher le seuil de leur caverne leur interdisant toute sortie. Manquant de provision, affamés, ils s’en remettent à la Sainte Mère qui entendit leurs prières et envoya deux serpents tenant chacun dans leur gueule un pain. Les eaux s’étant retirées il firent le récit du prodige opéré en leur faveur au curé du bourg. Le miracle se répandit partout et bientôt la foule ne tarda pas à implorer le secours de leurs prières.
L’Humble Gérard, résolu de poursuivre son dessein de visiter le tombeau du Christ et tous les lieux Saint de la Palestine. Avec son frère Effrénaud il s’embarqua pour l’Italie, prièrent sur le tombeau des apôtres à Rome, la ville éternelle, et prirent la route de la Terre Sainte. Mais le ciel le rappela et il mourut à l’âge de 25 ans à Monté-Santo, près de la ville d’Acône. A sa mort les cloches se mirent à sonner d’elles même et de grands miracles se firent sur son tombeau.
Les grands travaux d’adduction d’eau débutent en 1821 avec la création de la fontaine située en face de la chapelle Saint Joseph (seul le fronton est d’origine). Suivra en 1838 la construction du puits communal de Pousqueyras qui ne comptait qu’un seul seau. En 1855, débute la construction du lavoir actuel. Une conduite d’eau l’alimentera depuis le puits de Pousqueyras.
En 1861, une deuxième source est découverte à proximité de la source de Vaujus. Elle fournira en eau la Fontaine dite de l’Ange. Mais c’est seulement en 1873 que le système de distribution d’eau aux 11 fontaines du village est renforcé en interposant une colonne en pierre de 2,50 m entre la base et le socle de la statue. Ce dispositif ingénieux de répartition permettra, en outre, de forcer le débit en cas d’incendie. En 1874, les travaux sont terminés. Rochefort est désormais à l’abri du besoin.
La fontaine sera démolie sur décision du conseil municipal en 1964 quand l’eau de la ville alimentera les foyers du village. Sa reconstruction est l’œuvre de l’association Aigo y font présidée par Claude Gizard.
C’est la première église paroissiale consacrée à Saint-Bardulphe. Elle existait déjà en 1195 et figurait sur la liste des possessions de l'Abbaye Saint-André de Villeneuve. De style roman, fortement remaniée au XVIème siècle, son chœur voûté date de la première moitié du XIIème siècle. L’ensemble des peintures murales particulièrement remarquable remonte à 1608. La nef a gardé son bénitier mais a perdu sa cuve baptismale qui se trouve désormais dans l'église du village. Il conserve deux cloches : celle de l'ouest fondue en 1641 et celle du sud en 1954.
Construite dans le style néogothique pour remplacer le Castelas devenu inutilisable, elle est inaugurée le 11 avril 1849. On doit son décor polychrome remarquable au peintre Joseph Marinelli (1876). Elle offre un ensemble de vitraux qui ornent la partie supérieure du Chœur et de la nef. On y trouve également une représentation de Saint Bardulphe sous la forme d’une statue peinte. L'autel de marbre provient de Notre Dame de Grâce et la cuve baptismale du Castelas.
Ce monument a fait l’objet de plusieurs restaurations entre 1981 et 2010.
Sources :
Notre Dame de Grâce
http://www.nemausensis.com